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et les intentions de sa fille ; mais elle dit qu’aussi longtemps qu’il plairait à Dieu de lui conserver la force et la santé, elle s’en servirait pour gagner sa vie et n’être à charge à personne ; soit que sa dépendance fût ou non considérée comme un fardeau. Si elle pouvait habiter comme locataire le presbytère de M. Richardson, elle choisirait cette maison avant toute autre pour le lieu de sa résidence ; dans le cas contraire, elle n’y viendrait jamais qu’en visite ; à moins que la maladie ou le malheur ne rendissent son assistance réellement nécessaire, ou que l’âge et les infirmités ne la fissent incapable de gagner sa vie.

« Non, Mary, dit-elle, si Richardson et vous pouvez économiser quelque chose, vous devez le mettre à part pour votre famille. Agnès et moi devons ramasser le miel pour nous-mêmes. Dieu merci, ayant eu des filles à élever, je n’ai pas perdu mes talents. Avec l’aide du ciel, je réprimerai cette vaine douleur, » dit-elle, pendant que les pleurs coulaient sur ses joues en dépit de ses efforts ; mais elle les essuya, et redressant résolument la tête, elle continua : « Je vais me mettre à l’œuvre et chercher une petite maison commodément située dans quelque district populeux, mais salubre, où nous prendrons quelques jeunes ladies comme pensionnaires, si nous pouvons les trouver, et autant d’élèves externes qu’il nous en viendra ou que nous pourrons en instruire. Les parents et les anciens amis de votre père pourront nous envoyer quelques élèves, ou nous appuyer de leurs recommandations, sans doute : je ne m’adresserai pas aux miens. Que dites-vous de cela, Agnès ? Êtes-vous disposée à quitter votre place actuelle et à essayer ?

— Tout à fait disposée, maman ; et l’argent que j’ai amassé servira à meubler la maison. Je vais le retirer à l’instant de la Banque.

— Quand on en aura besoin ; il faut d’abord louer la maison et prendre toutes nos dispositions. »

Mary offrit de prêter le peu qu’elle possédait ; mais ma mère le refusa, disant que nous devions commencer sur un plan économique, et qu’elle espérait que tout ou partie de mon épargne, ajouté à ce que nous pouvions réaliser par la vente de notre mobilier, et au peu que notre cher père avait réussi à mettre de côté après le payement de nos dettes, suffirait pour nous mener jusqu’à Noël, moment où, elle l’espérait, nous pourrions accroître ces ressources par notre travail uni. Il fut finalement