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calme et plein de bienveillance, et finit par prendre un siège pour complaire à ses pressantes invitations, mais en répétant qu’il n’entendait pas rester.

« J’ai une autre maison à visiter, dit-il, et je vois (regardant la Bible sur la table) qu’un autre que moi vous a fait la lecture.

— Oui, monsieur, miss Grey a eu la bonté de me lire un chapitre ; et maintenant elle m’aide un peu à faire une chemise pour notre Bill. Mais je crains qu’elle n’ait froid là. Pourquoi ne venez-vous pas auprès du feu, miss ?

— Je vous remercie, Nancy, j’ai assez chaud. Il faut que je m’en aille aussitôt que la pluie aura cessé.

— Oh ! miss, vous m’avez dit que vous pouviez rester jusqu’à la nuit ! s’écria-t-elle ; et M. Weston saisit son chapeau.

— Non monsieur, je vous en prie, ne partez pas en ce moment, pendant qu’il pleut si fort.

— Mais je m’aperçois que j’empêche votre visiteuse de s’approcher du feu.

— Non, monsieur Weston, répondis-je, espérant qu’il n’y avait point de mal dans un mensonge de cette sorte.

— Non assurément ! s’écria Nancy. Eh quoi, n’y a-t-il pas assez de place ?

— Miss Grey, dit-il d’un ton à demi plaisant, soit qu’il voulût changer le tour de la conversation, soit qu’il eût ou non quelque chose de particulier à dire, je voudrais que vous pussiez faire ma paix avec le squire quand vous le verrez. Il était présent quand j’ai sauvé la chatte de Nancy, et ne m’a pas tout à fait approuvé. Je lui ai dit qu’il pouvait plutôt se passer de tous ses lapins que Nancy de sa chatte, et pour cette audacieuse assertion, il m’a parlé avec un langage un peu brutal auquel j’ai répondu peut-être avec un peu trop de chaleur.

— Oh ! monsieur, j’espère que vous ne vous serez pas fait un ennemi de M. Murray à cause de ma chatte, s’écria Nancy.

— Ne vous tourmentez pas, Nancy : je ne m’en préoccupe vraiment pas ; je ne lui ai rien dit de bien rude, et je suppose que M. Murray a l’habitude de se servir d’un langage un peu fort quand il est en colère.

— Ah ! monsieur, c’est une pitié !

— Et maintenant, il faut réellement que je parte. J’ai à visiter une maison à un mille d’ici, et vous ne voudriez pas que je