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— Et M. Weston vint-il jamais vous revoir depuis ?

— Oui, plusieurs fois ; et, depuis que mes yeux sont si malades, il s’assied et me lit la Bible pendant des demi-heures ; mais vous savez, miss, il a d’autres gens à voir et autre chose à faire. Dieu le bénisse ! Et le dimanche suivant il prêcha un si beau sermon ! Son texte était : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et lourdement chargés, et je vous donnerai le repos, » et les deux consolants versets qui suivent. Vous n’étiez pas là, miss, vous étiez auprès de vos amis alors, mais ce sermon me fit si heureuse ! Et je suis heureuse maintenant, grâce à Dieu, et je prends plaisir à faire quelque petite chose pour mes voisins, ce que peut faire une pauvre vieille créature à moitié aveugle comme moi, et ils se montrent reconnaissants et bons pour moi, comme il disait. Vous voyez, miss, je tricote en ce moment une paire de bas ; c’est pour Thomas Jackson ; c’est un pauvre vieillard assez querelleur ; nous avons eu beaucoup de difficultés ensemble, et quelquefois nous avons été bien ennemis l’un de l’autre. Aussi, j’ai pensé que je ne pouvais mieux faire que de lui tricoter une paire de bas bien chauds ; et, depuis que j’ai commencé, j’ai ressenti que je l’aimais un peu plus, le pauvre vieux. C’est arrivé juste comme l’a dit M. Weston.

— Je suis très-contente de vous voir si heureuse, Nancy, et si sage ; mais il faut maintenant que je m’en aille, on peut avoir besoin de moi au château, » dis-je ; et lui disant au revoir, je partis, lui promettant de revenir lorsque j’aurais le temps, et me sentant presque aussi heureuse qu’elle.

Une autre fois, j’allai faire la lecture à un pauvre laboureur qui était arrivé à la dernière période de consomption. Les jeunes ladies étaient allées le voir, et il leur avait fait promettre d’aller lui lire la Bible ; mais c’était trop de dérangement pour elles, et elles m’avaient prié de les remplacer, ce que je fis assez volontiers. Là aussi je fus gratifiée des éloges de M. Weston, par le malade et par sa femme. Le premier me dit qu’il avait reçu une grande consolation et un grand soulagement des visites du nouveau vicaire, qui venait fréquemment le voir, et qui était « une autre sorte d’homme » que M. Hatfield ; que ce dernier, avant l’arrivée de l’autre à Horton, lui avait de temps à autre fait une visite, pendant laquelle il voulait que la porte du cottage fût ouverte, afin de laisser entrer l’air, sans s’inquiéter si c’était nuisible au malade ; qu’après