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meilleure ? J’ai besoin de savoir que mes péchés sont effacés, de sentir qu’ils ne me seront jamais opposés, et que l’amour de Dieu est répandu dans mon cœur, et si je ne retire aucun bien en lisant la Bible et en faisant mes prières à la maison, quel bien trouverai-je en allant à l’église ? — L’église, dit-il, est le lieu désigné par Dieu pour son culte. Il est de votre devoir d’y aller aussi souvent que vous le pouvez. Si vous avez besoin de consolation, vous devez la chercher dans le sentier du devoir. » Et il dit beaucoup d’autres choses encore, mais je ne puis me souvenir de toutes ses belles paroles. Pourtant toutes se résumaient en ceci : que je devais aller à l’église aussi souvent que je le pourrais, et porter avec moi mon livre de prières, afin de lire tous les répons après le clerc, me lever, m’agenouiller, m’asseoir, aux moments indiqués, communier à toutes les occasions, écouter ses serments ou ceux de M. Blight, et que tout irait bien ; si je remplissais ainsi mon devoir, je finirais certainement par recevoir la bénédiction de Dieu, « Mais si vous ne trouvez pas de consolation en suivant cette voie, tout est fini, dit-il. — Vous penseriez donc, alors, que je serais réprouvée ? dis-je. — Eh, si vous faites tout ce que vous pouvez pour entrer au ciel et que vous ne puissiez y réussir, vous devez être de ceux qui cherchent à entrer par une porte étroite et qui ne peuvent y parvenir. » Et il me demanda alors si j’avais vu quelques-unes des ladies du château ce matin-là. Je lui dis que j’avais vu les jeunes miss aller sur la lande, et il renversa mon pauvre chat sur le plancher et courut après elles, aussi gai qu’une alouette : mais, moi, j’étais fort triste. Ses dernières paroles étaient tombées sur mon cœur et y restèrent comme une masse de plomb jusqu’à ce que je fusse fatiguée de la porter. Pourtant, je suivis son avis : je pensai qu’il avait de bonnes intentions, quoiqu’il eût une drôle de façon d’agir. Mais vous savez, miss, il est riche et jeune, et il ne peut guère comprendre les pensées d’une pauvre vieille femme comme moi. Je fis de mon mieux pour accomplir tout ce qu’il m’ordonnait.... mais peut-être, miss, je vous ennuie avec mon bavardage ?

— Oh non ! Nancy, continuez, dites-moi tout.

— Eh bien ! mon rhumatisme alla mieux ; je ne sais si ce fut ou non parce que j’allais à l’église, mais un dimanche matin qu’il gelait fort je contractai cette inflammation aux yeux. Elle