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sait que Harry Meltham serait à l’église. « Car, dit-elle en se souriant à elle-même dans la glace, il a été un des plus fidèles assistants à l’église ces quelques dimanches : vous auriez pensé qu’il était un excellent chrétien. Vous pouvez venir avec nous, miss Grey ; je veux que vous le voyiez ; il est si changé depuis son retour de l’étranger ! vous ne pouvez vous en faire une idée. Et de plus, vous aurez ainsi l’occasion de voir de nouveau le beau M. Weston, et de l’entendre prêcher. »

Je l’entendis prêcher, et je fus charmée de la vérité évangélique de sa doctrine, aussi bien que de la fervente simplicité de sa manière, de la clarté et de la force de son style, on aimait à entendre un tel sermon, après avoir été si longtemps accoutumé aux discours secs et prosaïques du dernier vicaire, et aux harangues du recteur, moins édifiantes encore. M. Hatfield avait coutume de monter rapidement la nef, ou plutôt de la traverser comme un ouragan, avec sa riche robe de soie voltigeant derrière lui et frôlant la porte des bancs, et de monter en chaire comme un triomphateur monte dans le char triomphal ; puis, se laissant tomber sur le coussin de velours dans une attitude de grâce étudiée, de demeurer dans un silencieux prosternement pendant un certain temps ; ensuite, de marmotter une Collecte, ou de baragouiner la Prière du Seigneur, de se lever, de retirer un joli gant parfumé pour faire briller ses bagues aux yeux de l’assistance, passer ses doigts à traverses cheveux bien bouclés, tirer un mouchoir de batiste, réciter un très-court passage ou peut-être une simple phrase de l’Écriture, comme texte de son discours, et finalement, débiter une composition qui, en tant que composition, pouvait être regardée comme bonne, quoique trop étudiée et trop affectée pour être de mon goût : les propositions en étaient bien établies, les arguments logiquement conduits ; et pourtant il était quelquefois difficile de l’entendre jusqu’au bout sans trahir quelques symptômes de désapprobation ou d’impatience.

Ses sujets favoris étaient la discipline ecclésiastique, les rites et les cérémonies, la tradition apostolique, le droit de révérence et d’obéissance au clergé, le crime atroce de dissidence, l’absolue nécessité d’observer toutes les formes de la dévotion, la coupable présomption de ceux qui pensaient par eux-mêmes dans les matières de religion, ou qui se guidaient d’après leurs propres interprétations de l’Écriture, et de temps en temps (pour plaire à ses riches paroissiens) la nécessité de