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chapeau de paille, portant des consolations et de la soupe aux os aux paroissiens pauvres de son mari ?

— Je n’en sais rien ; mais je puis affirmer qu’elle fera de son mieux pour les soulager de corps et d’esprit, suivant en cela l’exemple de notre mère. »




CHAPITRE IX.

Le bal.


« Maintenant, miss Grey, s’écria miss Murray aussitôt que j’eus franchi la porte de la salle d’étude après avoir quitté mes habits de voyage, au retour de mes quatre semaines de vacances, maintenant, fermez la porte et asseyez-vous ; il faut que je vous raconte tout ce qui s’est passé dans le bal.

— Non, mordieu ! non ! vociféra miss Mathilde. Ne pouvez-vous retenir votre langue ? Laissez-moi lui parler de ma nouvelle jument ; quelle magnifique jument, miss Grey ! une jument pur sang…

— Taisez-vous, Mathilde, et laissez-moi d’abord dire mes nouvelles.

— Non, non, Rosalie, vous en aurez pour si longtemps ! il faut qu’elle m’entende d’abord ; je veux être pendue si elle ne m’écoute pas la première !

— Je suis fâchée d’entendre, miss Mathilde, que vous ne vous êtes point encore débarrassée de vos grossières habitudes.

— Ah ! je ne puis m’en empêcher ; mais je vous promets de ne plus jamais prononcer un méchant mot, si vous voulez m’écouter et dire à Rosalie de contenir sa maudite langue. »

Rosalie répliqua, et je pensai un moment être mise en pièces entre les deux. Mais miss Mathilde ayant la voix la plus haute, sa sœur finit par céder et lui laissa dire son histoire. Je fus ainsi forcée d’entendre une longue description de la splendide jument, de son sang et de sa généalogie, de ses pas, de son action, de son ardeur, etc., ainsi que du courage et de l’habileté qu’elle montrait en la montant. Elle finit en affirmant qu’elle pourrait