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chose, et les filles, ainsi que je l’ai déjà dit pour l’une d’elles, devinrent un peu moins insolentes, et commencèrent à me montrer quelque estime.

Miss Grey, disaient-elles, était une singulière créature : elle flattait et louait peu ; mais, quand elle parlait favorablement de quelqu’un, on pouvait être sûr que son approbation était sincère. Elle était très-obligeante, douce et paisible ordinairement, mais il y avait des choses qui la mettaient hors de son caractère. Quand elle était de bonne humeur, elle parlait à ses élèves, et se montrait quelquefois très-agréable et très-amusante à sa manière. Elle avait ses opinions arrêtées sur chaque sujet, et y tenait avec fermeté ; opinions très-ennuyeuses quelquefois, car elle pensait continuellement à ce qui était bien et à ce qui était mal, avait un étrange respect pour tout ce qui tenait à la religion, et un goût inexplicable pour les bonnes gens.




CHAPITRE VIII.

L’entrée dans le monde.


À dix-huit ans, miss Murray devait quitter la calme obscurité de la salle d’étude pour briller dans le monde fashionable, si toutefois un tel monde pouvait se trouver ailleurs qu’à Londres : car son père ne pouvait se décider à quitter, même pour quelques semaines de résidence dans la métropole, ses plaisirs et ses occupations champêtres. Il fut décidé qu’elle ferait son début le 3 janvier, dans un bal magnifique que sa mère se proposait de donner à toute la noblesse et à la classe supérieure d’O… et des environs, à vingt milles à la ronde. Naturellement elle attendait ce jour avec la plus vive impatience et les plus extravagantes espérances de plaisir.

« Miss Grey, dit-elle un soir, un mois environ avant le grand jour, au moment où je lisais une longue et intéressante lettre de ma sœur, lettre que j’avais parcourue le matin pour voir si elle ne contenait point de mauvaises nouvelles, et que je n’avais pu lire encore entièrement ; miss Grey, jetez donc cette ennuyeuse