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thie réelle pour moi était la nourrice, car elle avait souffert les mêmes afflictions, quoique à un moindre degré : comme elle n’avait pas la mission d’enseigner, elle n’était pas responsable de la conduite des enfants confiés à ses soins.

« Oh ! miss Grey ! me disait-elle, combien vous avez de mal avec ces enfants !

— Oui, j’en ai, Betty, et je vois que vous savez ce que c’est.

— Ah ! oui, je le sais ; mais je ne me tourmente pas à propos d’eux comme vous le faites. Et puis, voyez, je leur donne une tape de temps à autre ; pour ce qui est des petits, une bonne fessée par-ci, par-là ; rien n’y fait que cela, comme ils disent. Et pourtant cela me fait perdre ma place.

— Est-ce vrai, Betty ? J’ai, en effet, entendu dire que vous alliez nous quitter.

— Eh ! mon Dieu, oui ! mistress m’a avertie il y a trois semaines. Elle me dit avant Noël que cela arriverait si je continuais à les frapper. Mais il m’était impossible de retenir mes mains. Je ne sais pas comment vous faites, car Mary-Anne est encore une fois plus méchante que ses sœurs ! »




CHAPITRE V.

L’oncle.


Outre la vieille lady, il y avait un autre parent de la famille dont les visites m’étaient fort désagréables : c’était l’oncle Robson, le frère de mistress Bloomfield ; un grand garçon plein de suffisance, aux cheveux noirs et au teint jaune comme sa sœur, avec un nez qui avait l’air de mépriser la terre, et de petits yeux gris fréquemment demi-fermés, avec un mélange de stupidité réelle et de dédain affecté pour tout ce qui l’environnait. D’une forte corpulence et solidement bâti, il avait pourtant trouvé le moyen de réduire sa taille dans une circonférence remarquablement petite ; et cela, ajouté à sa roideur peu naturelle, prouvait que le fier M. Robson, le contempteur du sexe féminin, ne dédaignait pas le service du corset. Rarement il daignait faire attention à moi, et, quand il le faisait,