naturelle et habituelle de l’ouvrier, mais la pénurie embarrassée de l’homme plongé dans les dettes, du commerçant gêné, dévoré de soucis et se débattant contre la ruine.
— Abandonnez-vous à l’espérance, et non à l’anxiété. Certaines idées ont pris trop de fixité dans votre esprit. C’est peut-être de la présomption de ma part, mais il me semble que vous vous trompez dans votre manière d’envisager le bonheur, comme aussi dans…
— Je suis tout oreilles, Caroline.
— Dans… oh ! que j’aie le courage de dire la vérité… dans… vos manières… remarquez que je dis seulement vos manières… dans vos manières d’être vis-à-vis de ces ouvriers du Yorkshire.
— Vous avez souvent désiré me dire cela, n’est-ce pas ?
— Oui, souvent, très-souvent.
— Le seul tort de mes manières est, je crois, d’être négatives. Je ne suis pas fier. De quoi serait fier un homme dans ma position ? Je pourrais agir envers eux en homme bienveillant, mais agir n’est pas mon fort. Je les trouve déraisonnables, pervers ; ils me retiennent lorsque je veux m’élancer en avant. En les traitant avec justice, je remplis tous mes devoirs envers d’eux.
— Vous n’attendez pas alors qu’ils vous aiment ?
— Ni ne le désire.
— Ah ! » dit la jeune fille en hochant la tête et poussant un profond soupir.
Puis elle se pencha sur sa grammaire et se mit à chercher les exercices du jour.
« Je ne suis pas un homme affectionné, Caroline ; l’attachement d’un très-petit nombre de personnes me suffit.
— S’il vous plaît, Robert, voulez-vous me tailler une ou deux plumes avant votre départ ?
— D’abord, laissez-moi régler votre livre, car vous avez coutume de tracer les lignes de travers… Voilà… Maintenant, passons aux plumes : vous les aimez très-fines, je crois.
— Telles que vous les préparez ordinairement pour moi et Hortense ; non votre large pointe.
— Si j’avais la vocation de Louis, je pourrais demeurer à la maison, et consacrer cette matinée à vous et à vos études ; tandis que je dois la passer dans le magasin de laines de M. Sykes.