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puisse voir. Mais elle est complètement perdue, répondit-il avec tristesse.

— Comment cela ?

— Comment ? Eh ! ne voyez vous pas comment on l’a coupé ? Ma chère ! ma chère ! c’est abominable !

— Alors c’est à la cuisine qu’ils l’auront mal coupé, car je suis sûre de l’avoir préparé fort convenablement ici hier.

— Sans doute, c’est à la cuisine ; les sauvages ! Ma chère ! ma chère ! Vîtes-vous jamais une si belle pièce de bœuf si complètement perdue ? Mais veillez qu’à l’avenir, lorsqu’un plat décent aura été préparé, ils ne le touchent pas à la cuisine. Souvenez-vous de cela, mistress Bloomfield. »

Nonobstant le mauvais état du bœuf, le gentleman réussit à s’en couper quelques tranches délicates qu’il mangea en silence. Lorsqu’il rouvrit la bouche, ce fut pour demander d’un ton colère ce qu’il y avait pour le dîner.

« Un dinde et un coq de bruyère, lui fut-il répondu.

— Et quoi encore ?

— Du poisson.

— Quelle sorte de poisson ?

— Je ne sais.

Vous ne savez ? s’écria-t-il, levant solennellement les yeux de dessus son assiette, et suspendant le mouvement de son couteau et de sa fourchette dans son étonnement.

— Non. J’ai dit au cuisinier d’acheter du poisson, sans lui dire quelle sorte de poisson.

— Ah ! voilà qui surpasse tout ! Une lady qui tient la maison et ne sait pas même quel poisson il y a pour le dîner ! qui commande d’acheter du poisson et ne désigne pas quelle espèce de poisson !

— Peut-être, monsieur Bloomfield, vous jugerez convenable de commander vous-même à l’avenir votre dîner. »

Il n’en fut pas dit davantage, et je fus très-aise de sortir de la salle à manger avec mes élèves ; car jamais je ne m’étais trouvée si honteuse et si mal à mon aise dans ma vie, pour quelque chose qui ne me concernait point.

Dans l’après-midi, nous nous remîmes aux leçons ; puis mes élèves sortirent encore, puis ils prirent le thé dans la salle d’étude ; ensuite j’habillai Mary-Anne pour le dessert, et, lorsqu’elle et son frère furent descendus dans la salle à manger, je saisis l’occasion pour commencer une lettre à mes chers parents. Mais les