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se reposer dans sa sérénité : debout près du foyer, il appuyait son coude sur le manteau de la cheminée, plongé dans une agréable rêverie.

Le crépuscule allait disparaître ; les fenêtres de la salle d’étude, obscurcies par les plantes grimpantes dont le vent d’octobre n’avait point encore balayé le feuillage desséché, laissaient pénétrer à peine un rayon du ciel ; mais le feu donnait assez de clarté pour la causerie.

Louis Moore s’adressa à son élève en français ; elle lui répondit d’abord avec une hésitation rieuse et avec des phrases rompues. Moore la reprenait en l’encourageant ; Henry avait pris part à la leçon ; les deux élèves se tenaient en face du maître, leurs bras mutuellement passés autour de leur taille. Tartare, qui avait longtemps sollicité et avait enfin obtenu son admission, s’était assis sagement devant le foyer, regardant la flamme qui s’échappait de morceaux de charbon placés au milieu des cendres rouges. Le groupe était assez heureux ; mais un sourd bruit de roues qui se fit entendre sur le pavé de la cour vint bientôt les surprendre désagréablement.

« C’est la voiture qui revient, dit Shirley ; le dîner doit être prêt, et je ne suis pas habillée. »

Une servante arriva avec la chandelle de M. Moore et le thé ; car le précepteur et l’élève dînaient habituellement à l’heure du goûter.