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lorsqu’elle fut partie. Maintenant, ajouta-t-il, il faut que je m’en aille, car Sweeting est allé visiter sa mère, et il y a deux enterrements à faire.

— Henry, prenez vos livres, voici l’heure de la leçon, dit Moore en s’asseyant à son pupitre.

— Un charme curieux ! répéta l’élève lorsque lui et son maître furent laissés seuls. C’est vrai. N’est-ce pas une sorte de blanche enchanteresse ? demanda-t-il.

— De qui parlez-vous, monsieur ?

— De ma cousine Shirley.

— Pas de questions oiseuses. Étudiez en silence. »

M. Moore avait la physionomie et la parole sévères. Henry connaissait cette disposition ; elle était rare chez son précepteur, mais, quand elle se montrait, il en avait peur : il obéit.




CHAPITRE II.

Le premier bas-bleu.


Le caractère de miss Keeldar et celui de son oncle ne pouvaient s’harmonier, ne s’étaient jamais harmoniés. Il était irritable, et elle était spirituelle ; il était despotique, et elle aimait la liberté ; il était positif ; et elle était peut-être romantique.

Ce n’était pas sans dessein qu’il était venu dans le Yorkshire : sa mission était claire, et il entendait s’en décharger consciencieusement. Il désirait avec anxiété marier sa nièce et lui faire un mariage convenable, la remettre à la charge d’un mari, et s’en laver les mains pour toujours.

Le malheur était que, dès l’enfance, Shirley et lui avaient toujours été en désaccord sur la signification des mots convenable et propre. Elle n’avait jamais encore accepté sa définition, et il était douteux que, dans l’acte le plus important de la vie, elle voulût consentir à l’accepter.

L’épreuve s’offrit bientôt.

M. Wynne demanda en forme la main de Shirley pour son fils, Samuel Fawthrop Wynne.