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— C’est tout ce que j’attends de vous, monsieur Yorke.

— Est-ce que vous éprouvez bien du plaisir, monsieur Helstone, à galoper après des émeutiers, par une nuit humide comme celle-ci, et à votre âge ?

— J’ai toujours de la satisfaction à remplir mon devoir, et, dans la circonstance présente, mon devoir est pour moi un vrai plaisir. Chasser cette vermine est une noble occupation, digne d’un archevêque.

— Digne de vous en tout point : mais où est le vicaire ? Il visite sans doute quelque pauvre malade, ou chasse la vermine dans une autre direction ?

— Il tient garnison dans la fabrique de Hollow.

— J’espère que vous lui avez laissé un coup à boire pour soutenir son courage, Bob ? » dit M. Yorke en se tournant vers Moore.

Il ne s’arrêta pas à attendre la réponse, mais continua rapidement, s’adressant encore à Moore, qui s’était jeté dans une antique chaise placée au coin du feu :

« Otez-vous de là, Robert, mon garçon ! Cette place est la mienne. Prenez le sofa ou trois autres chaises, si vous voulez, mais non celle-là : elle n’appartient qu’à moi, et nul autre ne la doit occuper.

— Pourquoi tenez-vous tant à cette chaise, monsieur Yorke ? demanda Moore, abandonnant paresseusement la place et obéissant à l’injonction.

— Mon père y tenait avant moi, voilà la seule raison que je te donnerai ; et M. Helstone, avec tout son savoir, ne t’en donnerait pas une meilleure.

— Moore, êtes-vous prêt à partir ? demanda le recteur.

— Non, Robert n’est pas prêt ; ou plutôt, je ne suis pas prêt à me séparer de lui. C’est un mauvais garnement, et il a besoin d’une correction.

— Quoi ! monsieur, qu’ai-je donc fait ?

— Tu t’es fait des ennemis de toutes parts.

— Qu’est-ce que cela peut me faire ? Que m’importe que vos rustres du Yorkshire m’aiment ou me haïssent ?

— Ah ! voilà ! Ce garçon est bien un étranger parmi nous. Son père n’eût jamais répondu de cette façon. Retournez à Anvers, où vous êtes né et où vous avez été élevé, mauvaise tête.

— Mauvaise tête vous-même ! je ne fais que mon devoir.