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la vaillante France représente les douze tribus ; son jeune et vigoureux usurpateur, c’est le berger d’Horeb.

— Je dédaigne de vous répondre. »

Ici la conversation fut interrompue par le roulement rapide d’un cabriolet, qui aussitôt s’arrêta au milieu de la route. Le manufacturier et le recteur avaient été trop occupés de leur dispute pour l’entendre avant qu’il fût presque arrivé sur eux.

« Eh ! maître, les voitures sont-elles arrivées à la maison ? demanda une voix de l’intérieur.

— Est-ce que ce serait Joe Scott ?

— Oui, oui, répondit une autre voix ; car le cabriolet contenait deux personnes. Oui, monsieur Moore, c’est Joe Scott. Je vous le ramène dans un joli état. Je l’ai trouvé en haut du marais avec trois autres. Que me donnerez-vous pour vous l’avoir ramené ?

— Mes remercîments, certes, car j’aurais été fâché de perdre un homme comme lui. Mais c’est vous, monsieur Yorke ? Il me semble reconnaître votre voix.

— Oui, mon garçon, c’est moi. Je revenais du marché de Stilbro’, et comme j’arrivais au milieu du marais, fouettant mon cheval qui allait comme le vent (car, vous le savez, les temps sont dangereux, grâce à un mauvais gouvernement), j’entendis un gémissement ; j’approchai ; il y en a qui auraient fouetté pour s’éloigner plus rapidement, mais je n’ai rien à craindre, que je sache. Je ne crois pas qu’il y ait un garnement dans ce district qui voulût me faire du mal ; du moins je suis homme à le leur rendre. Je demandai : « Y a-t-il quelqu’un de blessé, là ? — Certainement, me répondit une voix qui semblait sortir de terre. — Que faut-il faire ? soyez clair et répondez-moi. — Nous sommes ici quatre gisant dans le fossé, répondit Joe.

— C’est honteux, leur dis-je ; et je leur ordonnai de se lever et de partir, s’ils ne voulaient faire connaissance avec mon fouet.

— C’est ce que nous aurions fait depuis une heure, mais nous sommes attachés avec des cordes. » En une minute j’eus coupé les liens avec mon couteau, et Joe monta dans mon cabriolet pour me raconter ce qui s’était passé ; les autres suivent derrière, aussi vite que leurs jambes le leur permettent

— Je vous suis fort obligé, monsieur Yorke.

— Croyez-vous, mon garçon ? vous savez bien que non. Cependant, voici les autres qui approchent. Et ici, par le Sei-