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son bras, de la même manière qu’autrefois, de cette manière qu’elle trouvait toujours si aimable.

« Vous pouvez aller devant, Fanny, dit-il à la servante ; nous vous rattraperons. » Et lorsqu’elle eut un peu d’avance, il prit la main de Caroline dans la sienne, et lui dit qu’il était très-content de voir qu’elle était une habituée familière à Fieldhead ; qu’il espérait que son intimité avec miss Keeldar continuerait, et qu’une telle société ne pouvait lui être qu’agréable et avantageuse.

Caroline répondit qu’elle aimait Shirley.

« Et il n’y a aucun doute que l’affection ne soit réciproque, dit Moore ; si elle vous montre de l’amitié, soyez certaine qu’elle est sincère : elle ne peut feindre ; elle méprise l’hypocrisie. Et vous, Caroline, ne vous reverrons-nous plus au cottage de Hollow ?

— Je crois que non, à moins que mon oncle ne change d’avis.

— Êtes-vous bien seule, maintenant ?

— Oui, beaucoup. Je n’éprouve guère de plaisir dans aucune société, excepté celle de miss Keeldar.

— Avez-vous été bien portante, dernièrement ?

— Très-bien.

— Vous devez prendre soin de vous. Surtout ne négligez pas l’exercice. Savez-vous qu’il me semblait que vous étiez un peu changée, un peu maigre et pâle ? Votre oncle est-il bon pour vous ?

— Oui ; il est ce qu’il est toujours.

— Pas trop tendre, vous voulez dire ; pas trop empressé, ni attentif. Et quel mal avez-vous, alors ? Dites-le-moi, Lina.

— Rien, Robert ; mais sa voix tremblait.

— C’est-à-dire rien que vous veuillez me confier ; je ne dois pas être dans votre confidence. La séparation doit-elle donc nous rendre tout à fait étrangers ?

— Je ne sais. Je le crains presque quelquefois.

— Mais elle ne doit point avoir cet effet. Doit-on oublier les vieilles connaissances, les jours passés ?

— Robert, je n’oublie pas.

— Il y a deux mois, je crois, Caroline, que vous n’êtes venue au cottage ?

— Que je n’y suis entrée, oui.

— Êtes-vous venue quelquefois de ce côté, dans vos promenades ?

— Je suis allée en haut des champs quelquefois, le soir, et