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— Et sur mon cœur, encore, répondit Helstone. Mistress Pryor ; ayez bien soin de ce futur magistrat, de ce marguillier en perspective, de ce capitaine de la milice, du jeune esquire de Briarfield, en un mot. Ne lui permettez pas de trop violents exercices ; ne lui laissez pas se rompre le cou à la chasse, et surtout recommandez-lui de faire attention en descendant à cheval la dangereuse colline de Hollow.

— J’aime les pentes abruptes, dit Shirley ; j’aime à les franchir rapidement ; et surtout j’aime de tout mon cœur ce romantique Hollow.

— Romantique, avec une fabrique au milieu.

— Le vieux moulin et le blanc cottage sont tous deux admirables à leur manière.

— Et le comptoir, miss Keeldar ?

— Le comptoir vaut mieux que mon brillant salon : j’adore le comptoir.

— Et le commerce, le drap, la laine graisseuse, les cuves à teinture ?

— Le commerce est respectable dans toutes ses parties.

— Et le commerçant est un héros ?

— Vous avez dit le mot : le commerçant m’a semblé héroïque. »

La malice, l’esprit, la gaieté, étincelaient sur son visage pendant cet échange de mots avec le vieux Cosaque, qui prenait aussi plaisir à cette joute.

« Capitaine Keeldar, vous n’avez pas de sang mercantile dans les veines : pourquoi aimez-vous si fort le négoce ?

— Parce que je suis propriétaire de moulins. La moitié de mon revenu vient de la fabrique de Hollow.

— Prenez garde de devenir l’associée de Moore. Voilà ce que j’ai à vous dire.

— Vous venez de me mettre cette idée dans la tête ! s’écria-t-elle avec un joyeux éclat de rire ; elle n’en sortira plus : merci ! »

Et, agitant sa main blanche comme un lis et belle comme celle d’une fée, elle disparut sous le porche, tandis que le recteur et sa nièce franchissaient la porte extérieure.