sur quatre sujets : sa propre santé et celle des divers membres de sa famille, la Corbeille des Missionnaires et celle des Juifs et leur contenu, le dernier meeting de Nunnely et celui qui devait avoir lieu la semaine suivante à Whinbury.
Fatiguée enfin jusqu’à l’épuisement, elle saisit le moment où M. Sweeting vint parler à mistress Sykes pour quitter furtivement l’appartement et chercher un moment de repos dans la solitude. Elle se retira dans la salle à manger, où un reste de feu brûlait encore dans la cheminée. Le lieu était vide et calme ; les verres et les bouteilles avaient été enlevés, les chaises rangées : tout était en ordre. Caroline se laissa tomber dans la grande chaise à bras de son oncle, ferma à moitié les yeux, et se reposa ; reposa du moins ses membres, ses sens, son ouïe, sa vue, fatigués d’écouter des riens et de regarder dans le vide. Quant à sa pensée, elle s’enfuit aussitôt à Hollow, elle s’arrêta sur le seuil du parloir, puis passa au comptoir, cherchant quel lieu était favorisé de la présence de Robert. Il se trouva qu’aucun n’avait cet honneur, car Robert était à plus d’un demi-mille de ces deux endroits, et beaucoup plus près de Caroline qu’elle ne le supposait. Il traversait en ce moment le cimetière, et s’approchait de la porte du jardin du rectorat ; non, toutefois, pour voir sa cousine, mais uniquement dans le dessein de communiquer une nouvelle au recteur.
Oui, Caroline ; vous entendez vibrer la sonnette ; c’est pour la cinquième fois cette après-midi ; vous tressaillez et vous êtes sûre cette fois que ce doit être l’objet de vos rêves. Pourquoi en êtes-vous sûre ? vous ne pourriez vous l’expliquer, mais vous le sentez. Penchée en avant, vous écoutez avidement pendant que Fanny ouvre la porte : bien ! c’est sa voix, basse, avec le léger accent étranger, mais si douce à votre oreille. Vous vous levez : Fanny va lui dire que M. Helstone est en compagnie, et il va se retirer. Oh ! elle ne peut le laisser partir ; en dépit d’elle-même, en dépit de sa raison, elle traverse la moitié de la chambre, elle se tient prête à se précipiter, si elle l’entendait s’éloigner. Mais il entre dans le corridor.
« Puisque votre maître est en société, dit-il, introduisez-moi dans la salle à manger, apportez une plume et de l’encre ; je veux écrire une courte note que je lui laisserai. »
Maintenant que Caroline a saisi ces mots et l’entend s’avancer, s’il y avait une porte intérieure, elle s’esquiverait par cette porte et disparaîtrait. Elle se sent prise, enfermée. Elle