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pour réparer le temps perdu ! Ah ! je le gronderai bien de son imprudence ; je lui dirai que c’est ma tête qu’il risque de briser ; car tout ce qui est à lui m’appartient. Mais ma yue s’est-elle obscurcie tout à coup ? Je ne le vois plus si distinctement depuis qu’il approche. Est-ce bien un cheval et un cavalier ? Oui, j’entends le pas rapide du cheval. Mon Dieu ! mon Dieu ! je ne vois plus de cavalier ! Qu’est-ce que le cheval traîne sur la neige ? Je me précipitai. hors de la maison, appelant tous les domestiques à mon aide. On parvint à dégager Frank, dont le pied était resté pris dans l’étrier, Frank, tué par son grand cheval noir, et qui, avant d’expirer, trouva encore la force de me serrer la main et de me dire :

« — Maria, je meurs près de toi ; je meurs : en paradis ! »

— Et j’ai pu lui survivre, continua miss Marchmont, lui survivre trente années ! J’ai bien souffert, depuis lors, mais ai-je su mettre à profit mes souffrances ? Une si lente torture aurait dû faire de moi une sainte ; je ne suis qu’une vieille femme acariâtre, égoiste.

— Vous avez fait beaucoup de bien, made-, moiselle, lui dis-je.

Et je disais vrai : miss Marchmont, était connue par de nombreuses aumônes.

— Oui, je fais quelques charités ; je donne