Page:Brontë - Un amant.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le chérubin pour le montrer au maître de la maison, et sa figure avait juste commencé à s’éclairer lorsque voilà le médecin qui s’avance et qui dit :

— Earnshaw, c’est une bénédiction que votre femme ait été épargnée pour vous laisser ce fils. Lorsqu’elle est venue, j’ai eu le sentiment que nous ne la garderions pas ; et maintenant, je dois vous le dire, l’hiver va probablement la finir. Ne vous effrayez pas et ne vous en désolez pas trop, il n’y a pas de remède ; et puis, vous auriez dû être plus avisé que de choisir un pareil jonc de fille !

— Et qu’est-ce que le maître a répondu, demandai-je ?

— Je crois bien qu’il a juré, mais je n’y ai pas fait attention ; je m’efforçais pour voir l’enfant.

Et elle recommença à le décrire d’un ton extasié. J’étais aussi excitée qu’elle et je courus bien vite à la maison pour l’admirer pour mon compte, et pourtant j’étais très triste au sujet d’Hindley. Il n’avait de place dans son cœur que pour deux idoles, sa femme et lui-même, il adorait sa femme et je ne pouvais pas m’imaginer comment il supporterait sa perte.

En arrivant à Wuthering-Heights, je le vis debout sur la porte, et je lui demandai au passage comment allait l’enfant.

— Tout prêt à courir, Nelly, nous répondit-il en exhibant un sourire joyeux.

— Et la maîtresse ? me hasardai-je à demander, le médecin dit qu’elle est…

— Au diable le médecin ! fit-il en devenant tout rouge. Frances va très bien, elle sera tout à fait remise la semaine prochaine. Est-ce que vous montez ? Voulez-vous lui dire que je vais venir, si seulement elle promet de ne pas parler. Je l’ai laissée parce qu’elle ne voulait pas se taire, et qu’il faut qu’elle se taise ; dites-lui que M. Kenneth a dit qu’il fallait rester tranquille.