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tion plus grande exercée sur l’observateur ne tient pas uniquement à la situation de ce dernier. Les gens d’ici vivent en vérité plus sérieusement, plus en eux-mêmes, moins en surface, en changements, en frivolités extérieures. Ici, je pourrais concevoir un amour de toute la vie comme une chose possible ; et, jusqu’à présent j’étais fermement convaincu qu’aucun amour ne pouvait durer plus d’un an. L’état des uns ressemble à celui d’un homme devant un plat unique, sur lequel il concentre tout son appétit et auquel il fait largement honneur ; l’état des autres à celui du même homme devant un dîner composé par un cuisinier français : de l’ensemble, il tirera peut-être autant de satisfaction, mais il ne considérera et ne se rappellera chaque plat que comme un simple atome.

— Oh ! nous sommes les mêmes ici que partout ailleurs, une fois qu’on nous connaît, observa Mrs Dean, un peu intriguée par mes comparaisons.

— Excusez-moi, ai-je répondu. Vous-même, ma digne amie, vous êtes un démenti frappant à cette assertion. À part quelques provincialismes de peu d’importance, il n’y a chez vous aucune trace des façons que je suis habitué à regarder comme caractéristiques de votre classe. Je suis sûr que vous avez réfléchi beaucoup plus que ne font la généralité des serviteurs. Vous avez été forcée de cultiver vos facultés intellectuelles par manque d’occasions de gaspiller votre vie en occupations insignifiantes.

Mrs Dean s’est mise à rire.

— Certainement, a-t-elle dit, j’estime que je suis à peu près posée et raisonnable. Non pas précisément parce que je vis au milieu des montagnes et que je vois la même collection de visages et la même série d’actions d’un bout de l’année à l’autre ; mais j’ai été