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moi du feu ici et faites tout ce qu’il y a à faire dans la pièce.

— Il faut d’abord que je fasse rougir les charbons, avant que de pouvoir en apporter, répliquai-je en prenant une chaise et le soufflet. Pendant ce temps, il errait çà et là, dans un état voisin de l’égarement ; ses profonds soupirs se succédaient si rapidement qu’ils ne laissaient pas de place entre eux à la respiration ordinaire.

— Quand le jour viendra, j’enverrai chercher Green, dit-il ; je voudrais éclaircir avec lui quelques questions juridiques pendant que je suis en état d’accorder une pensée à ces affaires et d’agir avec calme. Je n’ai pas encore fait mon testament, et je n’arrive pas à prendre une décision sur la façon de disposer de mes biens. Je voudrais pouvoir les supprimer de la surface de la terre.

— Il ne faut pas parler ainsi, Mr Heathcliff, interrompis-je. Attendez un peu pour votre testament ; vous aurez encore le temps de vous repentir de vos nombreuses injustices ! Je n’aurais jamais pensé que vos nerfs pussent devenir malades ; ils le sont pourtant pour le moment, et sérieusement, et par votre faute seule. La façon dont vous avez passé ces trois derniers jours aurait abattu un Titan. Prenez quelque nourriture et quelque repos : vous n’avez qu’à vous regarder dans une glace pour voir que vous en avez besoin. Vos joues sont creuses et vos yeux injectés de sang ; vous êtes comme une personne qui meurt de faim, et qui perd la vue par manque de sommeil.

— Ce n’est pas ma faute si je ne puis ni manger ni me reposer. Je vous assure que ce n’est pas volontaire. Je le ferai dès que ce me sera possible. Mais vous pourriez aussi bien inviter un homme qui se débat dans