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tout droit, sans dire un mot. Le son de la voix de notre informateur le guida vers la bibliothèque. Il y pénétra, et, faisant signe au domestique de sortir, ferma la porte.

C’était la même pièce où il avait été introduit en hôte dix-huit ans auparavant. La même lune brillait à travers la fenêtre ; au dehors s’étendait le même paysage d’automne. Nous n’avions pas encore allumé de bougies, mais toute la chambre était éclairée, même les portraits sur le mur : la tête splendide de Mrs Linton et la gracieuse figure de son mari. Heathcliff s’avança vers le foyer. Le temps ne l’avait guère changé non plus. C’était le même homme : le visage sombre un peu plus blême et plus composé, le corps un peu plus lourd, peut-être, et voilà tout. Catherine s’était levée et avait fait un mouvement instinctif pour se sauver dehors quand elle l’avait aperçu.

— Halte ! dit-il en l’arrêtant par le bras. Plus d’escapades ! Où iriez-vous ? Je suis venu vous chercher pour vous ramener à la maison ; j’espère que vous serez une fille disciplinée et que vous ne pousserez plus mon fils à la désobéissance. J’ai été embarrassé pour le punir quand j’ai découvert la part qu’il avait prise à votre fuite : c’est une telle toile d’araignée qu’un pinçon l’anéantirait. Mais vous verrez à son air qu’il a reçu son compte. Je l’ai fait descendre un soir… avant-hier… je l’ai simplement installé sur une chaise, et je ne l’ai plus touché. J’ai renvoyé Hareton et nous sommes restés seuls dans la chambre. Au bout de deux heures, j’ai appelé Joseph pour le faire remonter. Depuis lors ma présence produit sur ses nerfs l’effet d’un fantôme ; et je crois qu’il me voit souvent, même quand je ne suis pas là. Hareton dit qu’il s’éveille en sursaut au milieu de la nuit, qu’il crie pendant des heures,