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pour supporter ma réclusion une heure encore, et ils s’éloignèrent. J’eus à la supporter deux ou trois heures. Enfin j’entendis un pas : ce n’était pas celui de Heathcliff.

— J’vous ai apporté quelque chose à manger, dit une voix. Ouvrez la porte.

J’obéis vivement et j’aperçus Hareton, chargé d’assez de vivres pour toute une journée.

— Prenez, ajouta-t-il en me poussant le plateau dans les mains.

— Restez une minute, commençai-je.

— Non, cria-t-il.

Et il se retira, sans prêter attention à aucune des prières que je puis lui prodiguer pour le retenir.

Je restai enfermée là toute la journée et toute la nuit suivante ; et encore une autre, et encore une autre. J’y restai cinq nuits et quatre jours en tout, sans voir personne que Hareton une fois tous les matins. C’était le modèle des geôliers : sombre, muet, et sourd à toutes mes tentatives pour émouvoir ses sentiments de justice ou de compassion.