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ans, il ne se rendit pas au cimetière ; il pleuvait, et j’observai :

— Vous ne sortirez certainement pas ce soir, monsieur ?

Il répondit :

— Non, cette année je remettrai ma visite à un peu plus tard.

Il écrivit de nouveau à Linton en exprimant le vif désir de le voir. Si le jeune malade eût été en état de se présenter, je ne doute pas que son père ne lui eût permis de le faire. Quoi qu’il en soit, Linton envoya une réponse, évidemment inspirée, où il donnait à entendre que Mr Heathcliff s’opposait à ce qu’il vînt à la Grange ; mais que le bon souvenir de son oncle le touchait vivement, qu’il espérait le rencontrer quelquefois au cours de ses excursions, et qu’il lui demanderait de vive voix que sa cousine et lui ne restassent pas longtemps si complètement séparés. Cette partie de la lettre était simple et probablement de son cru. Heathcliff savait qu’il était capable de plaider éloquemment sa propre cause quand il s’agissait de la compagnie de Catherine.

« Je ne demande pas, écrivait Linton, qu’elle soit autorisée à venir ici ; mais suis-je condamné à ne jamais la voir parce que mon père me défend d’aller chez elle et que vous lui défendez de venir chez moi ? Venez de temps à autre à cheval avec elle du côté des Hauts, et laissez-nous échanger quelques paroles en votre présence. Nous n’avons rien fait pour mériter cette séparation. Vous n’êtes pas fâché contre moi ; vous n’avez aucune raison de m’en vouloir, vous en convenez vous-même. Cher oncle ! envoyez-moi un gentil petit mot demain et permettez-moi de vous rencontrer partout où il vous plaira, excepté à Thrushcross Grange. Je