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de faire du vacarme ; elle me prit par le bras et me porta presque dans la salle.

Hélène, j’avais envie de m’arracher les cheveux ! Je pleurai, je sanglotai au point de ne presque plus voir clair. Le misérable pour lequel vous avez tant de sympathie se tenait en face de moi, osant de temps en temps me dire « chut ! » et nier que ce fût de sa faute. À la fin, effrayé de mes affirmations que je le dirais à papa et qu’il serait emprisonné et pendu, il se mit à pleurer lui-même à chaudes larmes et se sauva dehors pour cacher sa lâche émotion. Pourtant, je n’étais pas débarrassée de lui. Quand enfin ils m’eurent forcée de partir et que j’eus fait quelques centaines de mètres hors de la propriété, je le vis tout à coup surgir de l’ombre dans laquelle se trouvait le bord de la route. Il arrêta Minny et posa la main sur mon bras.

— Miss Catherine, je suis bien fâché, commença-t-il ; mais vraiment c’est trop mal…

Je le cinglai avec ma cravache, pensant qu’il voulait peut-être m’assassiner. Il me lâcha, en proférant un de ses horribles jurons, et je rentrai au galop, la tête à moitié égarée.

Je ne vins pas vous souhaiter bonne nuit ce soir-là, et je n’allai pas à Hurle-Vent le lendemain. J’avais bien grande envie d’y aller, mais j’étais dans une étrange excitation : par moments je redoutais d’apprendre que Linton était mort, et par moments je frissonnais à la pensée de rencontrer Hareton. Le troisième jour, je rassemblai mon courage ; je ne pouvais plus supporter cette incertitude et, une fois de plus, je m’enfuis. Je partis à cinq heures, à pied, me figurant que je pourrais arriver à me glisser dans la maison et jusqu’à la chambre de Linton sans être vue. Mais les chiens donnèrent l’alarme à mon approche. Zillah me reçut, me dit que « le gars