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par une expression de fureur frénétique et impuissante. Il saisit la poignée de la porte et la secoua : elle était fermée en dedans.

— Si vous ne me laissez pas entrer, je vous tuerai !… si vous ne me laissez pas entrer, je vous tuerai ! disait-il, ou plutôt hurlait-il. Démon ! démon !… je vous tuerai !… je vous tuerai !…

Joseph fit entendre de nouveau son rire croassant.

— Ah ! ah ! ça c’est l’père, s’écria-t-il. Ça c’est l’père ! N’savons toujours en nous quéqu’chose d’chaque côté. T’inquiète pas, Hareton, mon gars… aie pas peur… y n’peut point arriver jusqu’à toi !

Je pris Linton par les mains et essayai de le tirer en arrière ; mais il se mit à hurler si affreusement que je n’osai pas continuer. À la fin, ses cris furent étouffés par une terrible quinte de toux ; le sang lui sortait de la bouche et il tomba sur le sol. Je courus dans la cour, folle de peur, et appelai Zillah de toutes mes forces. Elle m’entendit bientôt ; elle était en train de traire les vaches sous un hangar derrière la grange. Elle accourut et me demanda ce qu’on réclamait d’elle. Je n’avais pas assez de souffle pour lui répondre ; je l’entraînai dans la cuisine et je cherchai des yeux Linton. Earnshaw était venu examiner le mal qu’il avait causé et il était occupé à transporter en haut la pauvre victime. Zillah et moi nous montâmes derrière lui ; mais il m’arrêta à la dernière marche en disant que je ne devais pas entrer et que je n’avais qu’à retourner chez moi. Je m’écriai qu’il avait tué Linton et que je voulais entrer. Joseph ferma la porte, déclara que je n’en ferais rien et me demanda si je me croyais obligée « d’être aussi folle que lui ». Je restai là à pleurer jusqu’à ce que la femme de charge revînt. Elle affirma qu’il serait mieux dans un instant, mais qu’il ne pouvait pas se passer de hurler et