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aurais bien préféré de causer avec vous. Maintenant, je ne puis plus supporter ni la conversation ni rien d’autre. Je me demande où est Zillah ! Voulez-vous (il me regarda) voir dans la cuisine si elle n’y est pas ? Je n’avais pas reçu de remerciements pour mon précédent service. Comme j’étais peu disposée à courir à droite et à gauche sur ses injonctions, je répliquai :

— Il n’y a personne dans la cuisine que Joseph.

— Je voudrais à boire, s’écria-t-il avec irritation en se retournant. Zillah est constamment à se promener à Gimmerton depuis le départ de papa ; c’est indigne ! Et je suis obligé de descendre ici… ils ont résolu de ne jamais rien entendre quand je suis en haut.

— Votre père est-il attentionné pour vous, Master Heathcliff ? demandai-je en voyant le peu de succès des avances amicales de Catherine.

— Attentionné ! Il les rend un peu plus attentionnés, voilà tout. Les misérables ! Savez-vous, Miss Linton, que cette brute de Hareton se moque de moi ! Je le déteste ! D’ailleurs, je les déteste tous : ce sont des êtres odieux.

Cathy se mit en quête d’un peu d’eau. Elle aperçut un broc sur le buffet, remplit un verre et le lui apporta. Il la pria d’y ajouter une cuillerée de vin d’une bouteille qui se trouvait sur la table. Après avoir avalé quelques gorgées, il parut plus calme et lui dit qu’elle était bien aimable.

— Et êtes-vous content de me voir ? demanda-t-elle en répétant sa première question, heureuse de découvrir sur son visage la trace d’un faible sourire.

— Oui, certainement. C’est une nouveauté que d’entendre une voix comme la vôtre. Mais j’ai été contrarié que vous ne vouliez pas venir. Papa jurait que c’était de ma faute ; il me traitait d’être pitoyable, lamentable,