pour lui s’affaiblit en conséquence, bien que son sort m’inspirât toujours de la pitié et du regret qu’il ne fût pas resté avec nous. Mr Edgar m’encourageait à chercher à me renseigner ; il pensait beaucoup à lui, je crois et n’aurait pas hésité à courir quelque risque pour le voir. Il me dit un jour de demander à la femme de charge si Linton ne venait jamais dans le village. Elle me répondit qu’il n’y avait été que deux fois, à cheval, avec son père ; et les deux fois il avait prétendu être absolument rompu pendant les trois ou quatre jours qui avaient suivi. Cette femme de charge quitta les Hauts, si je me souviens bien, deux ans après l’arrivée de Linton ; elle fut remplacée par une autre, que je ne connaissais pas, et qui est encore là.
Le temps continua de s’écouler à la Grange aussi agréablement qu’autrefois. Miss Cathy atteignit ses seize ans. Jamais nous ne fêtions joyeusement l’anniversaire de sa naissance, parce que c’était aussi l’anniversaire de la mort de mon ancienne maîtresse. Son père passait invariablement ce jour-là seul dans la bibliothèque ; à la tombée de la nuit, il allait jusqu’au cimetière de Gimmerton, où il restait souvent passé minuit. Catherine en était donc réduite à ses propres ressources pour se distraire. Le 20 mars fut, cette année-là, une belle journée de printemps. Quand son père se fut retiré, ma jeune maîtresse descendit, habillée pour sortir, et me dit qu’elle désirait faire avec moi une promenade sur le bord de la lande ; Mr Linton le lui avait permis, si nous n’allions qu’à courte distance et si nous étions rentrées dans une heure.
— Ainsi, dépêchez-vous, Hélène, s’écria-t-elle. Je sais où je veux aller ; c’est à un endroit où s’est installée toute une bande d’oiseaux. Je voudrais voir s’ils ont déjà fait leurs nids.