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arrêt, couché sous une fenêtre, la tête enflée et une oreille en sang. J’ouvris la barrière, courus à la porte et frappai violemment. Une femme, que je connaissais et qui habitait autrefois Gimmerton, répondit ; elle servait à Hurle-Vent depuis la mort de Mr Earnshaw.

— Bon ! dit-elle, vous venez à la recherche de votre petite maîtresse. Ne vous inquiétez pas. Elle est ici en sûreté ; mais je suis heureuse que ce ne soit pas le maître.

— Alors il n’est pas à la maison, n’est-ce pas ? demandai-je en haletant sous l’effet de ma marche précipitée et de mon alarme.

— Non, non ; il est parti avec Joseph et je ne pense pas qu’ils reviennent avant une heure au plus tôt. Entrez et reposez-vous un instant.

J’entrai et trouvai ma brebis égarée assise devant la cheminée, se balançant dans un petit fauteuil qui avait appartenu à sa mère quand celle-ci était enfant. Son chapeau était accroché au mur et elle semblait tout à fait chez elle, riant et babillant, de la meilleure humeur imaginable, devant Hareton — un gaillard de dix-huit ans maintenant, bien développé et robuste — qui la regardait avec de grands yeux curieux et étonnées et ne comprenait quasi rien de la suite ininterrompue de remarques et de questions dont elle ne cessait de l’accabler.

— Très bien ! Miss ! m’écriai-je en cachant ma joie sous un air irrité. C’est votre dernière promenade à cheval jusqu’au retour de votre papa. Je ne vous laisserai plus franchir le seuil, vilaine, vilaine fille !

— Ha ! ha ! Hélène ! cria-t-elle gaiement, en sautant sur ses pieds et courant à moi. J’aurai une jolie histoire à raconter