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son attention, surtout quand le soleil couchant brillait sur eux et sur les sommets environnants, et que tout le reste du paysage était dans l’ombre. Je lui expliquai que c’étaient de simples masses de pierre, dont les interstices contenaient à peine assez de terre pour nourrir un arbre rabougri.

— Et pourquoi sont-ils encore clairs si longtemps après qu’il fait sombre ici ?

— Parce qu’ils sont à une bien plus grande altitude que nous. Vous ne pourriez pas y grimper, tant ils sont hauts et escarpés. En hiver la gelée apparaît toujours là avant d’arriver à nous ; et au cœur de l’été j’ai trouvé de la neige dans ce trou noir, sur la face nord-est.

— Oh ! vous y avez été ! s’écria-t-elle joyeusement. Je pourrai donc y aller aussi, quand je serai une femme. Papa y a-t-il été, Hélène ?

— Papa vous dirait, Miss, me hâtai-je de répondre, que ces rochers ne valent guère la peine d’une visite. Les landes, où vous vous promenez avec lui, sont beaucoup plus belles ; et le parc de Thrushcross Grange est le plus bel endroit du monde.

— Mais je connais le parc, et je ne connais pas ces rochers, murmura-t-elle en se parlant à soi-même. Et j’aimerais tant à regarder tout autour de moi du sommet de la plus haute pointe ! Mon petit poney Minny m’y mènera un jour.

Une des servantes ayant parlé devant elle de la grotte des Fées, elle eut la tête toute bouleversée du désir de mettre à exécution ce projet. Elle ne cessait d’en importuner Mr Linton, si bien qu’il promit qu’elle ferait cette excursion quand elle serait plus âgée. Mais Miss Catherine mesurait son âge par mois ; et la question : « Maintenant, suis-je assez âgée pour aller aux rochers de Penistone ? » revenait constamment sur