exemple, et l’entêtement qu’acquièrent infailliblement les enfants gâtés, que leur caractère soit bon ou mauvais. S’il arrivait qu’un domestique fît quelque chose qui lui déplût, c’était toujours : « Je le dirai à papa ». Et si son père la réprimandait, fût-ce simplement du regard, on aurait cru que c’était pour elle une affaire à lui briser le cœur : je ne crois pas qu’il lui ait jamais adressé une parole dure. Il s’était chargé entièrement de son éducation et il y trouvait un amusement. Par bonheur la curiosité et une intelligence vive faisaient d’elle une bonne élève. Elle apprenait vite et avec ardeur et elle fit honneur à son maître. Jusqu’à l’âge de treize ans, elle n’était pas une fois sortie seule de l’enceinte du parc. En de rares occasions, Mr Linton l’emmenait avec lui à un mille, ou à peu près, au dehors ; mais il ne la confiait jamais à personne d’autre. Le nom de Gimmerton ne représentait rien à son esprit ; la chapelle était, à l’exception de sa propre demeure, le seul bâtiment dont elle eût approché et où elle fût entrée. Les Hauts de Hurle-Vent et Mr Heathcliff n’existaient pas pour elle. Elle vivait parfaitement recluse et, en apparence, parfaitement satisfaite. Parfois, cependant, quand elle regardait la campagne par la fenêtre de sa chambre, elle demandait :
— Hélène, combien de temps faudra-t-il encore avant que je puisse aller au sommet de ces collines ? Que peut-il bien y avoir de l’autre côté ? Est-ce la mer ?
— Non, Miss Cathy ; ce sont encore des collines, toutes pareilles à celles-ci.
— Et à quoi ressemblent ces rochers dorés quand on est à leur pied ? demanda-t-elle une fois.
La chute abrupte des rochers de Penistone attirait particulièrement