des obsèques. Mr Kenneth vint annoncer l’événement à mon maître.
— Eh bien ! Nelly, dit-il en entrant à cheval dans la cour un matin, trop tôt pour que je ne fusse pas alarmée par un soudain pressentiment de mauvaises nouvelles, c’est à votre tour et au mien d’être en deuil à présent. Devinez qui nous a faussé compagnie cette fois.
— Qui ? demandai-je tout émue.
— Allons ! devinez ! répondit-il en mettant pied à terre et attachant les rênes à un crochet près de la porte. Et préparez le coin de votre tablier : je suis certain que vous allez en avoir besoin.
— Pas Mr Heathcliff, bien sûr ? m’écriai-je.
— Quoi, vous auriez des larmes pour lui ? Non, Heathcliff est un gaillard jeune et vigoureux ; il a l’air plus florissant que jamais, aujourd’hui. Je viens de le voir. Il reprend vite des chairs depuis qu’il est débarrassé de sa moitié.
— Qui est-ce alors, Mr Kenneth ! répétai-je avec impatience.
— Hindley Earnshaw ! Votre vieil ami Hindley, et mon méchant compère ; quoique depuis longtemps il soit devenu trop fantasque pour moi. Là ! je disais bien qu’il allait y avoir des larmes. Mais consolez-vous ! Il est mort fidèle à son personnage : ivre comme un lord. Pauvre garçon ! j’ai de la peine moi aussi. On regrette toujours un vieux compagnon, malgré tout ; bien que celui-là fût capable des pires malices qui se puissent imaginer et qu’il m’ait joué plus d’un vilain tour. Il avait à peine vingt-sept ans, il me semble ; c’est juste votre âge. Qui aurait cru que vous étiez nés la même année ?
J’avoue que ce coup fut plus dur pour moi que n’