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le bruit de nos voix et la curiosité, la crainte peut-être, l’avait incité à venir voir ce que cela signifiait, à cette heure tardive.

— Oh ! monsieur ! m’écriai-je en arrêtant l’exclamation qui montait à ses lèvres devant le spectacle qui s’offrait à lui et au contact de l’atmosphère glaciale de la chambre, ma pauvre maîtresse est malade et elle m’échappe complètement. Je ne puis en venir à bout ; je vous en prie, venez la persuader de se remettre au lit. Oubliez votre colère, car il est difficile de lui faire faire autre chose que ce qu’elle veut.

— Catherine malade ? dit-il en se précipitant vers nous. Fermez la fenêtre, Hélène ! Catherine pourquoi…

Il s’arrêta. L’air hagard de Mrs Linton le frappa de mutisme et il ne put que nous regarder tour à tour avec horreur et stupéfaction.

— Elle est restée ici à s’agiter, repris-je, ne mangeant presque rien et sans jamais se plaindre. Elle n’a voulu laisser entrer personne jusqu’à ce soir, et c’est ainsi que nous n’avons pas pu vous informer de son état, puisque nous ne le connaissions pas nous-mêmes. Mais ce n’est rien.

Je sentis que je donnais mes explications avec gaucherie. Le maître fronça le sourcil :

— Ce n’est rien, n’est-ce pas, Hélène Dean ? dit-il d’un ton sévère. Il faudra que vous me rendiez compte plus clairement de l’ignorance où vous m’avez tenu de ceci !

Il prit sa femme dans ses bras et la considéra avec angoisse. D’abord elle ne parut pas le reconnaître : il était invisible à ses yeux égarés. Son délire, cependant, n’était pas fixé sur un objet unique ; s’étant arrachée à la contemplation de l’obscurité du dehors, elle concentra