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salle, ou plutôt une antichambre spacieuse où nous entrâmes ; une porte vitrée conduisait dans le réfectoire ; en face, une autre porte également vitrée donnait sur le jardin ; un escalier tournant occupait le côté gauche de cette vaste pièce. On entrait dans la classe par une porte à deux battants située près de l’escalier ; au moment d’ouvrir cette porte, Mlle Reuter me jeta un regard pénétrant, sans doute afin de voir si j’étais assez recueilli pour entrer dans son sanctum sanctorum, j’imagine qu’elle me trouva d’un sang-froid satisfaisant, car elle ouvrit la porte et je la suivis dans la pièce où elle entrait. Le bruit d’une assemblée qui se lève, accompagné d’un frôlement de robes, salua notre arrivée ; je franchis, sans lever les yeux, l’étroite allée qui s’ouvrait entre deux rangées de bancs et de pupitres, et j’allai prendre possession d’une chaise et d’une table placées sur une estrade, de façon à dominer la première division. Une sous-maîtresse, également élevée d’une ou deux marches, surveillait l’autre partie de la classe ; derrière moi, et attaché à une cloison mobile qui séparait cette pièce d’une autre salle d’étude, se trouvait un grand tableau noir où je devais élucider, à l’aide d’un morceau de craie, les difficultés grammaticales qui pouvaient survenir pendant le cours de la leçon ; une éponge humide, placée à côté du crayon, me fournirait le moyen d’effacer les mots que j’aurais écrits, lorsqu’ils ne seraient plus nécessaires à ma définition. Je remarquai tous ces détails avant de me permettre un coup d’œil sur les bancs qui s’allongeaient devant moi ; j’examinai le morceau de craie, je me tournai pour regarder le tableau, je tâtai du doigt l’éponge afin de voir si elle était suffisamment humide, et, me jugeant alors assez calme pour affronter la vue de mon auditoire, je levai les yeux et je regardai avec assurance autour de moi.