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CHAPITRE X.


La matinée du lendemain fut pour moi d’une longueur désespérante. J’attendais avec impatience le moment où, dans l’après-midi, je pourrais de nouveau pénétrer dans le pensionnat voisin, et donner ma première leçon dans cet aimable séjour. La récréation avait lieu à midi, le goûter à une heure ; je tuai le temps comme je pus ; enfin deux heures sonnèrent à Sainte-Gudule et marquèrent l’heureux instant que j’attendais depuis la veille.

Je rencontrai M. Pelet au bas de mon escalier. « Comme vous avez l’air rayonnant ! me dit-il. Que s’est-il donc passé ? Je ne vous ai jamais vu comme ça.

— J’aime probablement ce qui est nouveau, répondis-je.

— Très-bien, je comprends ; mais soyez sage. Vous êtes bien jeune, trop jeune pour le rôle que vous avez à remplir ; croyez-moi, prenez garde.

— Mais quel danger y a-t -il ?

— Je n’en sais rien ; seulement ne vous abandonnez pas à de trop vives impressions : c’est tout ce que je vous recommande. »

L’idée de ces vives impressions dont la cause existait probablement, puisque j’avais à les craindre, faisait vibrer mes nerfs d’une façon délicieuse, et je ne pus m’empêcher de sourire. Mes élèves masculins, vêtus de blouses, ne m’avaient jamais fait éprouver d’autre émotion que la colère ; et le calme plat où se traînaient