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Je fus bientôt arrivé au pensionnat de demoiselles ; je tirai le cordon de la sonnette, la porte s’ouvrit, et j’entrai dans un vestibule à carreaux blancs et noirs, dont les murailles étaient couvertes d’une peinture qui avait la prétention d’imiter le marbre ; en face de moi était une porte vitrée, laissant apercevoir une pelouse et des arbustes qui produisaient un effet charmant sous les derniers rayons d’un soleil printanier, car nous étions alors au milieu du mois d’avril.

C’était le jardin rêvé ; malheureusement je n’eus pas le temps d’y arrêter mes regards ; la portière, après m’avoir répondu que sa maîtresse était à la maison, avait ouvert une porte qui se trouvait à ma gauche, et l’avait refermée derrière elle après m’avoir introduit dans un salon dont le plancher était peint et verni. Des fauteuils et deux canapés couverts de housses blanches, un poêle en faïence verte, des tableaux sur les murs, une pendule dorée et des vases sur la cheminée, un lustre appendu au plafond, des glaces, des consoles, des rideaux de mousseline et un beau guéridon, composaient l’ameublement de cette pièce, d’une propreté éclatante, mais d’un aspect qui aurait été glacial, sans une large porte qui, ouverte à deux battants, laissait voir un salon plus petit, d’un ameublement plus intime, et où les yeux se reposaient avec plaisir ; le parquet y était couvert d’un tapis ; on y voyait un piano, un divan, une chiffonnière, et, ce qui surtout faisait le charme de cette pièce, une fenêtre descendant très-bas, garnie à l’intérieur de rideaux cramoisis, à l’extérieur de feuilles de lierre et de branches de vigne, et donnant sur le jardin, qu’on voyait à travers ses carreaux d’une merveilleuse transparence.

« Monsieur Crimsworth, probablement ! » dit quelqu’un derrière moi.

Je tressaillis sans le vouloir et je me retournai avec