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que je vous ai découvert ses intentions ; elle ne m’a pas dit d’aller jusque-là ; mais j’ai pensé qu’il n’y avait aucun danger à vous faire cette confidence ; Mme Pelet d’ailleurs partage mon opinion. Mais prenez garde ; n’allez pas nous trahir auprès de ma fille ; elle est si discrète ! elle ne peut pas comprendre que l’on ait du plaisir à causer de choses et d’autres.

— C’est absolument comme mon fils ! s’écria Mme Pelet.

— Ah ! le monde a bien changé, répondit l’autre ; ce n’est plus comme de notre temps ; la jeunesse d’aujourd’hui a le caractère si vieux ! Mais, pour en revenir à nos moutons, monsieur, Mme Pelet aura la bonté d’instruire son fils des intentions de ma fille ; il vous en parlera à son tour ; et demain dans la journée vous viendrez à la maison, où vous demanderez Mlle Reuter. Ayez bien soin d’aborder la question comme si M. Pelet était la seule personne qui vous en eût parlé ; surtout ne prononcez pas mon nom ; car je ne voudrais pour rien au monde déplaire à Zoraïde…

— Bien, bien ! soyez tranquille, dis-je, en interrompant ce bavardage qui commençait à m’ennuyer. Je consulterai M. Pelet, et les choses s’arrangeront comme vous paraissez le désirer. Bonsoir, mesdames ; je vous suis infiniment obligé.

— Vous vous en allez déjà ! s’écria Mme Pelet ; prenez encore quelque chose, monsieur ; une pomme cuite, un biscuit, une seconde tasse de café.

— Merci, madame, merci ; au revoir ; » et je sortis du cabinet.

Lorsque je fus rentré dans ma chambre, je me pris à réfléchir sur ce curieux incident ; l’affaire me paraissait étrange et surtout singulièrement conduite. Au fond j’en éprouvais une vive satisfaction ; être admis dans un pensionnat de demoiselles, quel événement dans ma