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duisent avec leurs professeurs. Avant de terminer ce chapitre, je dirai un mot du système que je suivis à cet égard ; peut-être mon expérience pourra-t-elle servir à ceux qui seraient placés dans la même position que moi.

Il n’est pas besoin d’une grande finesse pour arriver à connaître le caractère des jeunes Brabançons ; mais il faut un peu de tact pour trouver une méthode qui soit en rapport avec leurs facultés.

Ils ont en général une faible intelligence et un corps vigoureux ; il en résulte une impuissance réelle à combattre la force d’inertie qui est dans leur nature : non-seulement ils ont l’esprit obtus, mais encore ils sont entêtés, lourds comme du plomb, et comme le plomb difficiles à mouvoir. Il serait donc absurde de leur demander un grand effort d’esprit ; ayant la mémoire courte, la compréhension difficile, la faculté de réfléchir peu développée, ils s’éloignent avec répugnance de tout ce qui exige une étude sérieuse, une attention soutenue ; dès lors, si un professeur maladroit exige de leur part cet effort détesté, s’il emploie la rigueur pour tâcher de les y contraindre, ils lui opposent la résistance bruyante et désespérée des pourceaux ; et, bien qu’ils ne soient pas braves quand ils sont isolés, ils montrent un acharnement incroyable lorsqu’ils se trouvent réunis.

Il fallait donc ne demander qu’une faible dose d’application à des natures si peu faites pour en avoir, aider par tous les moyens possibles ces intelligences opaques et contractées, se montrer doux et patient, composer même, jusqu’à un certain point, avec ces dispositions perverses ; mais une fois arrivé au comble de l’indulgence, il devenait indispensable de s’arrêter, de vouloir et d’exiger fermement, sans quoi la faiblesse vous eût précipité dans l’abîme où vous n’auriez pas tardé à recevoir des preuves de la reconnaissance flamande sous