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Toutefois il est dans ma nature de ne pas retarder l’accomplissement d’une chose pénible quand elle est nécessaire ; je ne saurais goûter aucun plaisir avant d’avoir fini ma tâche, et il m’aurait été impossible de me promener tranquillement dans la ville avant d’avoir remis à son adresse la lettre de M. Hunsden et d’être sur la piste d’une nouvelle position. Je m’arrachai donc aux délices d’une liberté dont je ne pouvais plus jouir, et prenant mon chapeau, j’entraînai mes jambes récalcitrantes vers le quartier où demeurait M. Brown.

Il faisait un temps superbe ; je ne voulus pas même jeter les yeux vers le ciel, ni regarder les maisons devant lesquelles je passais ; je n’avais plus qu’une idée : celle de trouver la demeure de M. Brown, qui habitait la rue Royale ; j’arrivai enfin à sa porte, je frappai et je fus immédiatement introduit.

J’entrai dans une petite pièce où je me trouvai en présence d’un homme d’un certain âge, ayant l’air sérieux et respectable ; il me reçut très-poliment ; je lui présentai ma lettre, et, après quelques paroles insignifiantes, mais gracieuses, il me demanda s’il pouvait m’être utile par ses conseils et par son expérience ; je lui répondis que j’en avais le plus grand besoin, que je n’étais pas un gentleman voyageant pour son plaisir, mais un pauvre commis sans emploi qui cherchait une place quelconque et en avait besoin immédiatement.

« Recommandé par M. Hunsden, me dit-il, vous pouvez être sûr que je vous aiderai de tout mon pouvoir. »

Il réfléchit pendant quelques instants et m’indiqua une place à Liège dans une maison de commerce, puis une autre chez un libraire de Louvain.

« Commis et boutiquier ! dis-je en moi-même. Non. »

J’avais essayé du livre de compte, j’en avais assez ;