entrer ni dans le commerce ni dans les ordres ; vous ne pouvez être ni avocat, ni médecin, ni gentleman, puisque vous n’avez pas le sou. Que voulez-vous faire ? je vous conseille de voyager.
— Sans argent ?
— Précisément, pour en acquérir. Vous parlez le français, avec un horrible accent, j’en conviens ; mais enfin vous le parlez. Traversez la mer et voyez quelle chance de réussite vous offrira le continent.
— Dieu sait combien je serais heureux d’y aller ! m’écriai-je avec une ardeur involontaire.
— Eh ! qui vous en empêche ? avec cinq ou six guinées, par exemple, vous irez à Bruxelles, en supposant que vous soyez économe.
— La nécessité m’apprendrait à l’être si je ne l’étais déjà.
— Partez alors, et que votre esprit vous serve ; je connais Bruxelles presque aussi bien que X…, et les gens de votre nature doivent y faire leur chemin plus facilement qu’à Londres.
— Mais il faut que je travaille, monsieur Hunsden ; et comment pourrai-je obtenir de l’emploi dans une ville où je ne connais personne ?
— Vous n’avez pas ici une feuille de papier, une plume et de l’encre ?
— Si, » répondis-je, en m’empressant de lui donner tout ce qu’il demandait, prévoyant bien ce qu’il allait faire.
Il écrivit quelques lignes, plia et cacheta sa lettre, y mit l’adresse et me la présenta ; « Voilà, dit-il, un pionnier qui vous aplanira les premières difficultés de la route ; vous n’êtes pas homme, je le sais, à mettre la tête dans un sac, avant de savoir comment vous l’en retirerez, et vous avez raison ; je déteste l’insouciance, et je ne me mêlerais pour rien au monde des affaires