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LE

PROFESSEUR.

CHAPITRE PREMIER.

L’autre jour, en cherchant dans mes papiers, j’ai trouvé au fond de mon pupitre la copie suivante d’une lettre que j’ai écrite l’année dernière à un ancien camarade de collège :

Mon cher Charles,

Je ne crois pas, lorsque nous étions ensemble à Eton, que nous fussions très-aimés : tu étais caustique, observateur, froid et plein de malice : je n’essayerai pas de faire ici mon portrait ; mais, autant que je puis me le rappeler, mon caractère n’avait rien d’attrayant. J’ignore quels effluves magnétiques nous avaient rapprochés ; assurément je n’ai jamais eu pour toi l’affection d’un Pylade, et j’ai certaines raisons de penser que tu étais également dépourvu à mon égard de toute amitié romanesque. Nous n’en étions pas moins inséparables entre les heures des classes, et la conversation ne tarissait pas entre nous ; lorsqu’elle roulait sur nos