mackintosh à un clou, de se chauffer un instant et d’aller ensuite à ses affaires ; il ne dévia pas de ses habitudes ; seulement le regard qu’il me lança fut plus dur, plus sombre qu’à l’ordinaire, et s’arrêta plus longtemps sur mon visage.
Midi sonna ; la cloche annonça la suspension des travaux ; les ouvriers allèrent dîner. Steighton partit comme eux, en me priant de fermer la porte et de prendre la clef du bureau lorsque je m’en irais à mon tour ; j’attachais une liasse de papiers et je me disposais à sortir, quand M. Crimsworth rentra et ferma la porte derrière lui ; ses narines frémissaient, et dans ses yeux brillait un feu sinistre.
« Attendez un instant, » me dit-il d’une voix brutale.
Seul avec Édouard, je me souvins des liens de famille qui existaient entre nous, et j’oubliai la distance qui séparait ma position de la sienne ; négligeant donc toute formalité respectueuse :
« C’est l’heure d’aller dîner, lui répondis-je d’un ton bref, en tournant la clef de mon pupitre.
— Restez ici et ne touchez pas à cette clef, dit-il ; laissez-la dans la serrure.
— Pourquoi cela ? demandai-je.
— Faites ce que je vous ordonne, et surtout pas de questions ; vous êtes mon serviteur, obéissez. Qu’avez-vous… »
La rage étouffa sa voix et l’empêcha de continuer sa phrase.
« Ce que j’ai fait ? vous pouvez le voir, lui dis-je, tous les papiers sont là.
— Hypocrite et bavard, pleurnicheur impudent ! s’écria-t-il.
— Assez ! lui dis-je ; il est temps de régler nos comptes, Édouard Crimsworth. Voilà trois mois d’épreuve que je passe à votre service, et je ne crois pas qu’il y ait