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CHAPITRE V.


« Il y a un terme à toute chose, » me répétais-je par une matinée glaciale de janvier, en descendant la rue qui conduisait de chez moi à l’usine de Crimsworth. Les ouvriers étaient à l’œuvre depuis une demi-heure environ, et la machine fonctionnait lorsque j’entrai dans le bureau ; on venait seulement d’y faire le feu, qui ne donnait que de la fumée, et Steighton n’était pas encore arrivé ; je fermai la porte ; je m’assis devant mon pupitre ; j’avais les doigts tellement engourdis, que je ne pouvais pas écrire, et ma pensée roula de nouveau sur le développement naturel de toute chose et sur la crise finale qui devait en résulter ; j’étais mécontent de moi, et j’en éprouvais un malaise qui troublait le cours de mes méditations.

« William, me disait ma conscience, tâche de savoir au moins ce que tu veux faire ; tu parles de crise finale : serais-tu à bout de patience ? il n’y a pas quatre mois que tu es entré dans le commerce. Quelle résolution ne te croyais-tu pas, quand tu répondis à lord Tynedale que tu voulais marcher sur les traces de ton père ? Une longue course, en vérité, que celle que tu auras faite ! Comment trouves-tu la ville de X… ? Quelles riantes pensées, quels souvenirs embaumés éveillent dans ton esprit ses entrepôts et ses manufactures ! Combien la perspective de cette journée sourit à l’imagination ! Copier des lettres jusqu’à midi ; aller prendre ton repas solitaire chez mistress King, revenir copier des lettres jus-