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Il était évident que M. Hunsden resterait toute la soirée au même diapason ; et, détestant la discordance dont j’avais déjà trop à souffrir tant que durait la journée, je pensai que le silence et la solitude étaient préférables à une conversation grinçante, et je souhaitai le bonsoir à mon interlocuteur.

« Est-ce que vous partez ? me dit-il ; bonsoir alors ; vous saurez bien trouver la porte. » Et il resta tranquillement auprès du feu tandis que je quittais sa maison.

J’avais une longue course à faire pour retourner chez moi ; je m’aperçus bientôt que je marchais d’un pas rapide, que je respirais avec effort et que mes ongles s’enfonçaient dans la paume de mes mains ; je ralentis mon pas et je desserrai les poings ; mais il me fut moins facile de calmer les regrets qui assaillaient mon esprit. « Pourquoi suis-je entré dans le commerce ? Pourquoi ai-je accepté ce soir l’invitation d’Hunsden ? Pourquoi demain, au point du jour, retournerai-je à mes galères ? » Je me fis ces questions toute la nuit, et toute la nuit j’attendis la réponse. Je ne pus dormir ; j’avais la tête en feu, les pieds glacés ; enfin les cloches des manufactures s’ébranlèrent, et je sautai du lit en même temps que mes compagnons d’esclavage.