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plaisir à causer avec vous pendant une heure ou deux ; mais si cela vous contrarie de m’accorder cette faveur, je n’insisterai point, je déteste importuner les gens. »

Il me convenait d’accepter cette invitation, et je suivis M. Hunsden, qui, après avoir traversé le jardin, me fit entrer dans un corridor qui conduisait à son parloir. Il me désigna un fauteuil qui était au coin du feu ; je m’y installai, et je promenai mon regard autour de la chambre où il m’avait introduit.

C’était une petite pièce à la fois élégante et confortable. Un bon feu remplissait la cheminée : un vrai feu des comtés du Nord, clair et bien nourri, ne ressemblant en rien à ces brasiers sordides du midi de l’Angleterre, où quelques morceaux de charbon pâlissent dans le coin d’une grille ; une lampe couverte d’un abat-jour et posée sur la table répandait une lumière égale et douce ; l’ameublement, y compris un divan et deux excellents fauteuils, était luxueux pour un jeune célibataire ; deux corps de bibliothèque garnissaient chaque côté de la cheminée, et les livres s’y trouvaient rangés dans un ordre parfait. La propreté scrupuleuse de cette pièce répondait à mes goûts : j’ai le désordre et la saleté en horreur ; j’en conclus que M. Hunsden partageait mes sentiments à cet égard. Tandis qu’il prenait sur la table quelques brochures périodiques pour les mettre à leur place, je jetai les yeux sur les tablettes qui se trouvaient à côté de moi ; les ouvrages français et allemands y étaient en plus grand nombre que les livres anglais ; j’y remarquai les anciens auteurs dramatiques qui ont illustré la France, et la plupart des écrivains modernes : Thiers, Villemain, Paul de Kock, Georges Sand, Eugène Sue ; en allemand, Goethe, Schiller, Zschokke, Jean Paul ; en anglais, quelques ouvrages d’économie politique ; je n’en vis pas davan-