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lement ma curiosité, et je souhaitais que M. Hunsden continuât à parler.

« Ce monde est absurde, reprit-il.

— Pourquoi cela, monsieur Hunsden ?

— Je m’étonne que vous me le demandiez ; vous êtes l’une des preuves les plus frappantes de l’absurdité à laquelle je fais allusion. Êtes-vous bien décidé à entrer dans l’industrie ?

— Je l’étais du moins très-sérieusement, lors de mon arrivée à X…

— La folie n’en était qu’un peu plus grande ; vous avez bien l’air d’un commerçant ! Quelle figure positive et mercantile !

— Mon visage est tel que Dieu l’a fait, monsieur Hunsden.

— Ce n’est pas pour une maison de commerce que Dieu vous l’a donné, encore moins qu’il vous a fabriqué cette tête-là ; que feriez-vous ici de vos bosses, de l’idéalité, de la conscienciosité, de l’amativité, de l’estime de vous-même et de la comparaison ? Toutefois, si vous aimez Bigben-Close, restez-y ; c’est votre affaire, et non la mienne.

— Peut-être n’avais-je pas à choisir !

— Oh ! cela ne me regarde pas ; allez où vous voudrez, faites ce qu’il vous plaira ; cela m’est fort indifférent. Et sur ce, je vais danser ; j’aperçois là-bas une très-jolie personne, assise au bout du canapé à côté de sa maman. Voyez-vous Sam Waddy qui s’avance auprès d’elle ? sans doute pour lui demander une contredanse ; mais je l’emporterai sur lui. »

Et M. Hunsden s’éloigna rapidement. Il devança Waddy, invita la jeune fille et l’emmena triomphant.

Elle était grande, bien faite, elle avait une toilette éblouissante, et ressemblait, du moins pour le genre de beauté, à Mme Edouard Crimsworth. Hunsden l’en-