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— C’est ingénieux, remarqua Hunsden ; quant à la vérité du fait, c’est une autre question. Mais ne comprenez-vous pas que la petite lampe qui vous anime pâlit complètement à côté de l’astre de Lucia ?

— Parfaitement.

— Elle a au moins de la loyauté. Et pensez-vous que la faible lumière que vous répandez puisse longtemps encore satisfaire le professeur ?

— C’est à lui qu’il faut demander cela, monsieur Hunsden.

— Ma vue a toujours été trop faible pour supporter un vif éclat, » répondis-je en ouvrant la petite porte du jardin.

Depuis lors s’est écoulée une série de beaux jours dont celui-ci est assurément le plus doux. On termine la fenaison ; le foin nouveau qu’on rapporte de la prairie verse dans l’air son odeur balsamique ; Frances vient de me proposer de prendre le thé sur la pelouse ; je vois d’ici la table ronde, mise à l’ombre d’un hêtre et déjà couverte de la théière et des tasses. Hunsden va venir. J’entends sa voix qui tranche une question avec autorité ; Frances lui répond : elle est d’un autre avis, suivant son habitude. Ils se disputent à propos de Victor ; Hunsden affirme que sa mère n’en fera qu’une poule mouillée ; mistress Crimsworth répond avec vivacité qu’elle aime cent fois mieux cela que d’avoir pour fils un mauvais sujet du goût de M. Hunsden ; que si, au lieu d’être une comète errante allant toujours on ne sait où, sans but et sans raison, le susdit Hunsden restait dans le voisinage, elle n’aurait de repos qu’après avoir envoyé Victor à cent milles de Daisy-Lane : car, avec ces abominables maximes et ces odieux principes, un tel voisin entraînerait à leur perte les enfants les mieux doués.

Quelques lignes sur Victor avant de remettre ce ma-