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pendant cinq mois de l’année ; il voyage le reste du temps et passe une partie de l’hiver à Londres ; lorsqu’il revient à la campagne, il est rare qu’il ne ramène pas quelques visiteurs avec lui, presque toujours des étrangers : un philosophe allemand ou un savant français ; même une fois un Italien au visage sombre et mécontent, qui ne chantait pas, ne jouait d’aucun instrument et qui ressemblait, suivant Frances, à un conspirateur.

Les Anglais qu’il invite à venir le voir sont tous de Birmingham ou de Manchester, des hommes rudes, paraissant enfermés dans une seule idée, et ne causant jamais que du libre échange. Les étrangers qu’il reçoit à Hunsden-Wood sont également des hommes politiques, mais dont le thème est plus large : c’est du progrès général qu’ils s’entretiennent, du développement de la liberté en Europe ; et les noms de la Russie, de l’Autriche et du pape, sont inscrits en lettres rouges sur leurs tablettes. J’ai entendu plusieurs d’entre eux développer ce thème avec autant d’ardeur que de sens ; j’ai assisté plus d’une fois à des discussions polyglottes dans l’antique salle à manger de Hunsden-Wood, où il m’était donné un singulier aperçu de l’opinion que ces hommes déterminés ont sur le despotisme du Nord et sur les superstitions du Sud. J’ai écouté bien des paroles oiseuses à cet égard, principalement en français et en hollandais : ne nous y arrêtons pas ; Hunsden lui-même tolérait ces rêveries enfantines ; quant aux hommes pratiques, il se liait avec eux et de la main et du cœur.

Lorsqu’il était seul au manoir, ce qui arrivait rarement, il venait à Daisy-Lane deux ou trois fois par semaine ; il avait, disait-il, un but philanthropique en venant fumer son cigare sous le porche de notre maison pendant, les belles soirées d’été, celui de détruire les