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allâmes nous y asseoir, et, après avoir regardé les fleurs sauvages qui croissaient à nos pieds, je rappelai à Frances le projet dont elle devait m’entretenir.

Son plan n’avait rien que de très-simple. Il s’agissait de monter le degré qui se trouvait naturellement devant nous : elle avait l’intention d’élever un pensionnat. Nous avions déjà quelques avances, et nous pouvions commencer sur une modeste échelle. Nos relations étaient fort étendues, et pouvaient nous seconder avantageusement dans l’entreprise que nous projetions : car, bien que notre cercle de visites fût toujours très-restreint, nous étions connus comme professeurs dans un grand nombre de familles.

« Pourquoi ne réussirions-nous pas ! ajouta Frances, quand elle eut développé ses plans : si nous avons quelque succès, une bonne santé et du courage, nous pouvons réaliser une petite fortune ; et cela, peut-être, avant que nous soyons trop vieux pour en jouir. Alors nous nous reposerons ; et qui nous empêchera d’aller vivre en Angleterre ? » C’était toujours son rêve.

Je n’avais aucune objection à lui faire. Je savais qu’elle n’était pas de ces gens qui peuvent rester dans une inaction même relative : il lui fallait des devoirs à remplir, et des devoirs importants, quelque chose à faire d’absorbant et de profitable ; de puissantes facultés s’agitaient dans son cerveau, et réclamaient à la fois un aliment et un libre exercice. Je n’étais pas homme à les affamer ou à les retenir ; j’éprouvais au contraire une profonde jouissance à leur offrir un appui et à débarrasser la voie de tout obstacle, afin qu’elles pussent avoir une action plus étendue.

« Ton plan est bon, dis-je à Frances ; il faut l’exécuter ; non-seulement tu as mon approbation, mais encore, toutes les fois que tu auras besoin de mon assis-