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ton chapeau, nous parlerons de cela en nous promenant. »

Elle alla se préparer, docile comme un enfant bien élevé ; car elle offrait un curieux mélange de douceur et de fermeté ; je pensais à elle, et je me demandais quel plan elle avait pu former, lorsqu’elle rentra prête à partir :

« Il fait si beau, dit-elle, que j’ai donné à Minnie (notre bonne) la permission de sortir. Aurez-vous la bonté de fermer la porte et d’en prendre la clef ?

— Embrasse-moi, Frances, » lui répondis-je.

La réponse n’était pas, je l’avoue, très en rapport avec la demande qui m’était faite ; mais cette chère Frances avait quelque chose de si séduisant avec sa fraîche toilette d’été, son petit chapeau de paille, et sa parole si naturelle et si suave, que mon cœur s’épancha en la voyant et qu’un baiser me devint indispensable.

« Voilà, monsieur ; êtes-vous content ?

— Pourquoi dire toujours monsieur ? appelle-moi William.

— Je ne peux pas prononcer votre W. D’ailleurs, monsieur est le nom que je vous ai donné tout d’abord, et c’est pour cela que je le préfère. »

La bonne étant sortie avec un bonnet blanc et un châle de toute couleur, nous partîmes à notre tour, abandonnant la maison à la solitude et au silence que troublait seul le tintement de la pendule. Nous fûmes bientôt dans les champs, au milieu des prairies et des sentiers, loin des routes poudreuses où retentissait le bruit des voitures. Tout à coup, au détour d’un chemin, nous nous trouvâmes dans un endroit si frais et si vert qu’on aurait pu se croire au fond de l’une des provinces les plus pastorales de l’Angleterre. Un banc naturel d’herbe moussue, abrité du soleil par un aubépin, nous offrait un siège trop agréable pour qu’on pût le refuser ; nous